Diariata N’Diaye est une artiste et activiste engagée dans la lutte contre les violences faites aux femmes depuis 2008. Décorée Chevalière de l’Ordre national du Mérite à 35 ans, pour l'ensemble de son engagement, elle fait partie des figures émergente de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Membre du Haut Conseil à l'Egalité, son expertise et ses actions innovantes en direction des 15-25 ans ont fait d’elle une référente sur la sensibilisation de la jeunesse, sollicitée et auditionnée jusqu’au plus hautes instances internationales.
C’est par le biais de son travail de sensibilisation en milieu scolaire et professionnel que lui apparait l’urgence de créer un outil d’information et de prévention simple et accessible à tous. «Lorsqu’on est confronté aux violences, on doit pouvoir trouver rapidement de l’aide, des réponses et des soutiens». Son idée, créer une application mobile, résolument gratuite et solidaire, réunissant toutes les ressources nécessaires pour venir en aide aux victimes, à leurs proches et aux autres témoins. « Avec App-Elles, c’est 20 ans de sensibilisation que l’on a dans la poche et un moyen d’alerte rapide et efficace ».
En 2015, elle fonde l’association Resonantes et lance la création de la première application solidaire destinée aux femmes et aux filles victimes de violence : App-Elles®. Le nom est parlant, le jeu de mots est simple et évident, une invitation à passer à l’action, un rappel pour dire aux victimes que face aux violences "tu n’es pas seul.e!". Une application dédiée à «elles».
Tout a commencé en 2008 par un slam sur les mariages forcés, présenté à l’occasion d'un colloque organisé sur le sujet par l'association Voix de femmes à Paris. Diariata N'Diaye (Diata pour son entourage et sur scène) ne pouvait imaginer en écrivant "Française d'Afrique" le bouleversement qu’il allait provoquer dans sa vie. Dès sa sortie de scène, Ernestine Ronai l'attend. La justesse d'écriture et l'interprétation de cette jeune artiste, au regard d'un sujet plutôt délicat à aborder, avait su retenir l'attention et surtout l'intérêt d'une des figures les plus reconnues de la lutte contre les violences faites aux femmes. Diata a cette fascinante singularité de ne jamais tomber dans le pathos ou l’excès d’émotions. A chaque fois elle vise juste, au cœur tout simplement. Cette rencontre lui sera décisive. L'échange est direct et enthousiaste, Ernestine Ronai veut qu'elle se produise lors des Rencontres Femmes du Monde qu'elle organise chaque année en Seine Saint-Denis.
Les deux femmes deviennent alors proches et en 2010 elles imaginent la création d’un spectacle de slam entièrement écrit autour des violences faites aux femmes, destiné à être présenté aux collégiens des établissements d’île de France. L'observatoire des Violences Envers Les Femmes de Seine Saint-Denis intègre le groupe Dialem, composé du duo entre Diariata N'Diaye et Patrick Dethorey, au sein du dispositif de sensibilisation Jeunes Contre Le Sexisme. Le spectacle est baptisé "Mots pour Maux" et se joue dans différentes salles et configurations.
Dès 2010 et suite à ses premières représentations, Diata constate, à travers les échanges et les questions qui lui sont posées en fin de spectacle, que ce jeune public a un besoin marquant de s'exprimer sur ses sujets. C’est pour elle, une première prise de conscience sur l’absence évidente de communication en direction de ce public et sur l'utilité d'un tel dispositif. En réaction immédiate, son spectacle devient systématiquement suivi par un débat auquel des professionnelles reconnues sont invitées et interviennent afin d’apporter des réponses plus précises aux questions posées par ces jeunes. C'est ainsi qu'elle rencontre, au gré des programmations, Emmanuelle Piet et Muriel Salmona, deux femmes d’exception qui dédient leurs vies à faire évoluer les méthodes de détection et de prise en charge des victimes. Diata n’a plus de doute sur la voie sur laquelle elle doit s'engager : Auprès de qui mieux apprendre et se former, auprès de qui mieux s’inspirer et s’identifier ? Diata vient de définitivement rejoindre le combat et s'apprête, armée de son enthousiasme et de sa créativité, à se jeter corps et âme dans la lutte contre les violences faites aux femmes.
Alors tout en jonglant avec son emploi d'animatrice jeunesse, elle va consacrer des heures à son perfectionnement. Soucieuse d’être totalement imprégnée de toute la complexité de cette thématique, elle va parfaire ses acquis. Elle recherche, lit et visionne toutes documentations sur le sujet. Elle assiste à de multiples conférences, participe à de nombreuses tables rondes, rencontre et travaille avec plusieurs associations de terrain : Voix de Femmes, le Gams, Sos Femmes, Femmes Solidaires, Cidff…. Diata mène maintenant elle-même les débats. En partageant sa propre expérience, elle instaure un climat de confiance qui donne vie à des échanges concrets dans lesquels les jeunes se livrent eux aussi, plus intimement. Et ça fonctionne. Leur besoin de s'exprimer plus longuement et plus profondément sur leur expérience personnelle devient constant. Parce qu’elle sait, de par sa propre expérience, ô combien l’écriture est un exutoire, elle complète ce dispositif en proposant de mettre en place des ateliers d'écritures Slam.
Au sortir de ces premiers ateliers d'écriture, deux urgences s'imposent à elle :
En 2008 L'observatoire des violences envers les femmes de Seine St-Denis finançe la réalisation de cet album afin de le distribuer à l'ensemble des professionnel-le-s de la Seine Saint-Denis, ainsi qu'aux participant-e-s aux dispositifs sur lesquels elle intervenait. Sur chaque page du livret, un contact est associé en corrélation avec la problématique du morceau.
En 2011 en collaboration avec la Région Ile de France et l'Adric, elle anime les ateliers d'écritures du dispositif Jeunes Pour l'égalité en direction des lycéen-ne-s. Ces ateliers lui confirme alors l’ampleur des violences, le nombre de victimes et leur grande solitude. Diata en est profondemment affectée. En plus de ces souffrances, elle se rend compte de leur totale méconnaissance des aides et dispositifs existants à leur portée.
"Les structures d’aide, de soutien et d’information existent, il faut simplement en faciliter l’accès à cette jeunesse" - Diariata.
Après plus de 120 ateliers d'écritures, 150 représentations et près de 3 000 CD distribués, Diata n’est pourtant pas satisfaite. Il lui reste une malheureuse évidence qu’elle veut contrer, le jeune public ne connaît pas assez les moyens et les aides qui existent permettant de les accompagner face aux violences.
Alors elle cherche la réponse aux questions qui la tenaillent :
C'est en repensant à chaque séance avec eux, à chaque heure passée à les côtoyer dans les différents établissements, à chaque instant en leur présence, que la réponse lui apparaît. Elle avait toujours été là, sous ses yeux, entre leurs mains : leur téléphone portable !
Nous sommes alors en 2014 et Diata est déterminée à trouver le moyen qui fera de leur téléphone portable leur outil d'information et d'aide contre les violences.
Annie Balageas pour Resonantes
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